samedi 6 décembre 2014

Boileau - Gautier - Hugo

Les Boileau : Mélanie et Anaïs // et les Gautier : Pietro, Yaé, Julie, Catalina, Nina
Anaïs en venant : Eugène Guillevic n’a pas tort !
Nina en venant : Je dirai même plus, il a raison !
Mélanie et Anaïs : Nous, Nicolas Boileau,
Pietro, Yaé, Julie, Catalina, Nina : Et nous, Théophile Gautier,
Mélanie: [Boileau]
Par delà les siècles qui nous séparent, nous sommes assez d'accord : assembler des mots, c'est un peu pareil à la tâche du menuisier qui façonne le bois.
[Différents Gautier]
Pietro [Gautier] : Mais moi, je trouve que le bois est encore trop friable !
Les Gautier en montant sur le plateau : ça c’est bien vrai !!
Pietro répète : Je trouve que le bois est encore trop friable !
Yaé : Statuaire, repousse
L'argile que pétrit
Le pouce
Quand flotte ailleurs l'esprit :
Julie : Lutte avec le carrare,
Avec le paros dur
Et rare,
Gardiens du contour pur ;
Pietro : Emprunte à Syracuse
Son bronze où fermement
S'accuse
Le trait fier et charmant ;

Catalina: D'une main délicate
Poursuis dans un filon
D'agate
Le profil d'Apollon.
Peintre, fuis l'aquarelle,
Et fixe la couleur
Trop frêle
Au four de l'émailleur.

Nina : Sculpte, lime, cisèle ;
Que ton rêve flottant
Se scelle
Dans le bloc résistant !
Anaïs : [Boileau] Surtout qu'en vos écrits la langue révérée
Dans vos plus grands excès vous soit toujours sacrée.
En vain vous me frappez d'un son mélodieux,
Si le terme est impropre, ou le tour vicieux;
Mélanie: [Boileau] Hâtez-vous lentement; et, sans perdre courage,
Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage:
Polissez-le sans cesse et le repolissez;
Ajoutez quelquefois, et souvent effacez.
Nina: [Gautier] Oui, l'œuvre sort plus belle
D'une forme au travail
Rebelle,
Vers, marbre, onyx, émail
Yaé: [Gautier] Point de contraintes fausses !
Mais que pour marcher droit
Tu chausses,
Muse, un cothurne étroit.
Julie: [Gautier] Fi du rythme commode,
Comme un soulier trop grand,
Du mode
Que tout pied quitte et prend !

Anaïs: [Boileau] Sans la langue, en un mot, l'auteur le plus divin
Est toujours, quoi qu'il fasse, un méchant écrivain.
[Victor Hugo] : Patrick et Gabrielle viennent parler en bas de la scène au milieu
Patrick : Boileau, Gautier, frères poètes, je vous entends... Cependant, moi,
Patrick et Gabrielle : Victor Hugo,
Gabrielle : j'aime aussi que la langue, comme un torrent puissant, emporte l'adhésion des hommes sur son passage ...
Patrick : et les guide vers la lumière...
Gabrielle  [Hugo] : Peuples! Écoutez le poète !
Ecoutez le rêveur sacré !
Dans votre nuit, sans lui complète,
Lui seul a le front éclairé.
Des temps futurs perçant les ombres,
Lui seul distingue en leurs flancs sombres
Le germe qui n'est pas éclos.

Pietro [Gautier] : Les dieux eux-mêmes meurent,
Mais les vers souverains
Demeurent
Plus forts que les airains.

Catalina : [Gautier] Tout passe. - L'art robuste
Seul a l'éternité.
Le buste
Survit à la cité.

Patrick [Hugo] : Malheur à qui dit à ses frères :
Je retourne dans le désert !

Malheur à qui prend ses sandales
Quand les haines et les scandales
Tourmentent le peuple agité !
Honte au penseur qui se mutile
Et s'en va, chanteur inutile,
Par la porte de la cité !

Gabrielle  [Hugo] : Le poète en des jours impies
Vient préparer des jours meilleurs.
Il est l'homme des utopies,
Les pieds ici, les yeux ailleurs.
Patrick [Hugo]: C'est lui qui sur toutes les têtes,
En tout temps, pareil aux prophètes,
Dans sa main, où tout peut tenir,
Doit, qu'on l'insulte ou qu'on le loue,
Comme une torche qu'il secoue,
Faire flamboyer l'avenir !
[Benjamin Constant] : Lorena et Pietro T
Lorena: Oh la la ! Oh la la ! Oh la la ! Les poètes, tout cela est bel et bon, mais il faut peut-être aussi songer à faire bouillir la marmite ? !
Pietro T : Moi-même, Benjamin Constant, «aujourd’hui, j’ai travaillé comme un imbécile à faire des vers au lieu de m’occuper utilement. »

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