Les
Boileau : Mélanie et Anaïs // et les Gautier : Pietro,
Yaé, Julie, Catalina, Nina
Anaïs
en
venant :
Eugène Guillevic n’a pas tort !
Nina
en
venant :
Je dirai même plus, il a raison !
Mélanie
et Anaïs :
Nous,
Nicolas Boileau,
Pietro,
Yaé, Julie, Catalina, Nina :
Et nous, Théophile Gautier,
Mélanie:
[Boileau]
Par
delà les siècles qui nous séparent, nous sommes assez d'accord :
assembler des mots, c'est un peu pareil à la tâche du menuisier qui
façonne le bois.
[Différents
Gautier]
Pietro
[Gautier]
: Mais moi, je trouve que le bois est encore trop friable !
Les
Gautier en montant sur le plateau : ça
c’est bien vrai !!
Pietro
répète
: Je trouve que le bois est encore trop friable !
Yaé
:
Statuaire, repousse
L'argile que pétrit
Le pouce
Quand
flotte ailleurs l'esprit :Julie
: Lutte avec le carrare,
Avec le paros dur
Et
rare,
Gardiens du contour pur ;Pietro
: Emprunte à Syracuse
Son bronze où fermement
S'accuse
Le
trait fier et charmant ;
Catalina:
D'une main délicate
Poursuis dans un filon
D'agate
Le
profil d'Apollon.
Peintre, fuis l'aquarelle,
Et fixe la
couleur
Trop frêle
Au four de l'émailleur.
Nina
: Sculpte, lime, cisèle ;
Que ton rêve flottant
Se
scelle
Dans le bloc résistant !Anaïs
: [Boileau]
Surtout qu'en vos écrits la langue révérée
Dans
vos plus grands excès vous soit toujours sacrée.
En
vain vous me frappez d'un son mélodieux,
Si
le terme est impropre, ou le tour vicieux;
Mélanie:
[Boileau]
Hâtez-vous
lentement; et, sans perdre courage,
Vingt
fois sur le métier remettez votre ouvrage:
Polissez-le
sans cesse et le repolissez;
Ajoutez
quelquefois, et souvent effacez.
Nina:
[Gautier]
Oui,
l'œuvre sort plus belle
D'une forme au travail
Rebelle,
Vers, marbre, onyx, émailYaé:
[Gautier]
Point
de contraintes fausses !
Mais que pour marcher droit
Tu
chausses,
Muse, un cothurne étroit.Julie:
[Gautier]
Fi du
rythme commode,
Comme un soulier trop grand,
Du mode
Que
tout pied quitte et prend !
Anaïs:
[Boileau]
Sans la langue, en un mot, l'auteur le plus divin
Est
toujours, quoi qu'il fasse, un méchant écrivain.
[Victor
Hugo] : Patrick et Gabrielle viennent parler en bas de la scène au
milieu
Patrick
: Boileau, Gautier, frères poètes, je vous entends... Cependant,
moi,
Patrick
et Gabrielle :
Victor Hugo,
Gabrielle :
j'aime aussi que la langue, comme un torrent puissant, emporte
l'adhésion des hommes sur son passage ...
Patrick :
et les guide vers la lumière...
Gabrielle
[Hugo] :
Peuples! Écoutez le poète !
Ecoutez le rêveur sacré !
Dans votre nuit, sans lui complète,
Lui seul a le front
éclairé.
Des temps futurs perçant les ombres,
Lui seul
distingue en leurs flancs sombres
Le germe qui n'est pas éclos.
Pietro
[Gautier] : Les dieux eux-mêmes meurent,
Mais les vers
souverains
Demeurent
Plus forts que les airains.
Catalina
: [Gautier] Tout passe. - L'art robuste
Seul a l'éternité.
Le
buste
Survit à la cité.
Patrick
[Hugo] : Malheur à qui dit à ses frères :
Je retourne dans le
désert !
Malheur
à qui prend ses sandales
Quand les haines et les scandales
Tourmentent le peuple agité !
Honte au penseur qui se mutile
Et s'en va, chanteur inutile,
Par la porte de la cité !
Gabrielle
[Hugo]
: Le
poète en des jours impies
Vient préparer des jours meilleurs.
Il est l'homme des utopies,
Les pieds ici, les yeux
ailleurs.Patrick
[Hugo]:
C'est lui qui sur toutes les têtes,
En tout temps, pareil aux
prophètes,
Dans sa main, où tout peut tenir,
Doit, qu'on
l'insulte ou qu'on le loue,
Comme une torche qu'il secoue,
Faire
flamboyer l'avenir ! [Benjamin
Constant] : Lorena et Pietro T
Lorena:
Oh la la ! Oh la la ! Oh la la ! Les poètes, tout cela est bel et
bon, mais il faut peut-être aussi songer à faire bouillir la
marmite ? !
Pietro
T :
Moi-même, Benjamin Constant, «aujourd’hui, j’ai travaillé
comme un imbécile à faire des vers au lieu de m’occuper
utilement. »
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